vendredi 26 décembre 2014

Les murs de Talabheim - partie 1

L'auberge de l'ours.

Jolène "Jo'" Octefer
Aïe, aïe, aïe... Mal de tête. Mémoire floue. Paupières de trois tonnes qui ont du mal à s'ouvrir pour découvrir... Un misérable cachot !

Qu'est-ce que je fous là ??!!

Dans la pénombre de ma geôle et le crépuscule de mon cerveau, je perçois d'autres locataires. Un genre de spadassin à la taille démesurée, un collectionneur de muscle comme un lutteur de foire, un maigrelet peu rassuré et un lettré semble-t-il.
J'essaie de reprendre mes esprits.
Bon, je suis Jolène Octefer, dite Jo'. Je suis éclaireur originaire de Talabheim et y retourne afin de voir sa sœur après de nombreuses années d'absence. Jusque là, OK.
J'étais en route, la nuit approchait... Ah oui ! Je me suis arrêtée dans une auberge de campagne, La Grenouille Frétillante, tenue par un vieux et sa vieille.
Les souvenirs reviennent peu à peu. Mes compagnons d'infortunes semblent dans le même état nauséeux.
J'ai commandé un repas. Un nain a fait un esclandre à propos de la qualité déplorable de la bière et un départ sonore. Et puis... plus rien.
Je remarque alors des restes de nourriture disséminés sur le visage des autres. Bien sûr ! Repas drogués ! Et nous voilà aux mains de quelques bandits détroussant les voyageurs de passage dans l'auberge.

Les esprits revenant peu à peu et avec eux la faculté d'élocution, nous faisons les présentations.
Le spadassin se nomme Luka Brasi et je crois comprendre qu'il travaille comme recouvreur de biens pour de riches préteurs. Le colosse au surplus musculaire évident est Güntar La Brisure, homme de mains (larges et puissantes). Le lettré est scribe et répond au nom de Hans Kruger. Le dernier prisonnier se présente comme Valdemar, agent du juge local Konrad Jotun. Il enquêtait sur des disparitions dans la région sur l'ordre de son supérieur qui doit le rejoindre tantôt. Son enquête semble avoir abouti... au cachot.
A peine les présentations effectués, le sol se met à légèrement trembler sous les pas d'un être massif. Une trappe s'ouvre révélant un sous-sol en terre battue, et un géant hirsute tenant quelques gamelles dans ses larges pognes.
Répondant à un instinct spartiate, dans un silencieux accord, mes deux compagnons costaux se plaquent immédiatement de chaque côtés de l'entrée de notre prison. Adossée au mur, je ne bouge pas tandis que Kruger reste allongé au sol.

Il s'approche de nos épais barreaux et braille d'un voix sourdes et gutturales : "Mangez !"
- Je ne mange pas au pied d'un cadavre, lui dis-je en pointant du menton la forme allongée. Il est quasiment mort !"
Il lorgne la scène d'un œil torve, je sens mes acolytes tendre leurs muscles, mais le mastar ne s'approche pas grognant un "Nan, va bientôt se réveiller la fiote." tout en repartant d'une démarche massive.

Nous attendons, lorgnant dégouttés l’infâme gruau présent dans les gamelles. Luka et Güntar tente de desceller la grille mais en vain.
Le temps passe jusqu'à la venue d'un petit vieux en qui je reconnais le tenancier de l'auberge. Nous réitérons notre stratégie instinctive. Le vieillard s'approche pour mieux voir le corps étendu, immobile, se fait emparer à travers la grille par l'énorme bras musculeux de La Brisure et mange les barreaux de toutes ses dents.
Puis il nous explique que son fils (l'ours humain) se fait de l'argent de poche en détroussant puis décimant les voyageurs.
Malheureusement il n'a pas les clefs. Nous le convainquons sans mal (sauf pour lui) d'appeler son épouse qui descend prestement. Après quelques tractations, nous échangeons rapidement la pérennité des cervicales de son mari contre notre évasion. Nous enfermons les deux vieillasses à notre place mais ne trouvons ni nos effets ni notre argent.
Nous échangeons un bref regard. Le fiston va se prendre sa misère !

Nous montons à l'étage dans la salle commune et sa cuisine attenante où nous nous équipons d'armes de fortune tranchantes ou contondantes.
Puis Luka ouvre la porte menant à l'extérieur et se retrouve nez-à-nez avec un molosse d'un taille et d'une denture improbable. Il tente de refermer mais la créature s'écrasant sur la porte le repousse. Profitant du désarroi éphémère, j'éventre la bête au couteau de cuisine.
C'est alors que de l'extérieur nous ressentons le lourd pas hursoïde.
Nous nous éparpillons et nous cachons dans la salle commune. Le fils entre et hurle à la vue de son chien baignant dans sang, tripes et boyaux.
Un fugace sourire illumine mon visage puis je me prépare à la bataille.
Juge itinérant, préfère éviter les villes,
homme droit et intègre.
Il se déplace dans la salle à notre recherche ou celle de ses parents. Nous attaquons, La Brisure et Luka en tête sous les encouragements discrets des deux freluquets du groupe.
Le combat est court et intense mais le colosse cède face notre puissance guerrière fortement contrariée par le vol de nos affaires et finances.
Nous le conduisons inconscient au sous-sol et le confions à ces géniteurs alors qu'il se vide de son sang.
Un peu de compassion pour un dernier au revoir, nous savons nous tenir quand même.
Nous fouillons les locaux et retrouvons nos effets mais pas notre argent. Nous apprenons par la mère éplorée que son fils a confié le butin à Léopold Dimzad, chef de la bande. Ce dernier travaille pour un prêteur sur gage de Talabheim, un alfling du nom de Nobler Mielleboucle.

Nous décidons d'attendre le juge un jour durant. Nous rencontrons enfin, Konrad Jotun, un homme massif, à l'œil perçant, et dont la vie à sans aucun doute connue plus d'un champ de bataille. Son adjoint lui narre les faits.
Nous décidons de poursuivre la bande mais entrer en Talabheim n'est pas simple. La ville de la Justice ne se visite pas facilement. Car elle est située au centre d'un immense cratère, une énorme muraille naturelle l'enceint la protégeant contre toute invasion indésirable. Il faudra beaucoup de démarche administrative et de l'argent pour pouvoir y pénétrer.
Le juge nous conseille nous faire embaucher comme manœuvre à Talagaad, une enclave portuaire au pied de la ville. Le temps que la paperasse et l'argent fasse leur effet.

A suivre...

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